Dakar, correspondance
Défenseur des droits des immigrés africains, Secka Mbaye réside aux îles Canaries depuis 1991. Il est le président de l'Association des immigrés africains des Canaries (ASIAF), qui regroupe des ressortissants de l'Afrique de l’Ouest et des bénévoles espagnols. En séjour à Dakar, Secka Mbaye expose pour Co-Developpement.org les raisons de la création de cette structure qu'il dirige officiellement depuis 2000. Il détaille également les activités que mène son organisation en partenariat avec les autorités établies dans quelques-uns des pays d’origine de ses membres:
Qu’est ce qui vous a poussé à créer l'Association des immigrés africains des îles Canaries ?
La première pirogue transportant des clandestins est arrivée aux îles Canaries en 1995. Elle avait posé des problèmes de prise en charge des passagers. Ma boutique se situait en face de la mer, et c’est naturellement qu’elle servait de port de débarquement aux arrivants. A force de les prendre en charge et de les aider, nous avons senti la nécessité de créer cette association. Il y a eu un flux massif d’immigrants clandestins à partir de 2000, aussi nous avons décidé de formaliser officiellement la création de notre association. Elle a donc eu son récépissé aux Îles Canaries en 2000. La ruée est devenue plus importante à partir de 2004.
Quelles sont les actions que vous menez ?
Notre principale activité tourne autour de l'intégration des immigrés déjà installés aux Îles Canaries. Nous les aidons à obtenir des titres de séjour, nous les assistons sur le plan social, sanitaire, administratif etc. D’autre part, il existe une aide au retour octroyée à ceux qui veulent définitivement rentrer dans leur pays d’origine, en Afrique de l’Ouest, mais qui n'en ont pas les moyens. Il y a également l’aide pour le rapatriement des corps des personnes décédées. Nous faisons aussi de l’humanitaire en envoyant des conteneurs au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, bref, dans plusieurs pays de la sous-région. On travaille avec le ministre des Sénégalais de l’extérieur sur différents projets visant à lutter contre l’émigration clandestine, avec un programme de sensibilisation au niveau local et en Espagne. Nous oeuvrons également à l’élaboration de projets novateurs pour retenir les jeunes au Sénégal, nous facilitons les contacts pour les émigrés désirant investir au Sénégal. Ce volet d'action reste à développer dans les autres pays de l’Afrique de l’Ouest.
Quelle est la situation en Espagne, et les possibilités d’action en phase avec les structures locales ?
La semaine dernière, une délégation de notre association a assisté à deux séminaires à Pikine et Mbour (Sénégal), concernant la sensibilisation à la lutte contre l’émigration clandestine. C’était le premier volet d’un programme plus global. Nous y avons participé en tant que partenaire du ministère. Durant les séminaires, un plan d’action a été élaboré et il nous a été demandé dans quelle mesure nous pouvons participer à ce plan pour réaliser des activités au niveau local et en Espagne. Nous sommes prêts à faciliter les activités que le ministre veut mener dans ce secteur
Quels sont vos axes prioritaires d’intervention ?
Pour le moment, ils consistent à faire en sorte que ceux qui sont déjà installés puissent avoir le cadre d’expression adéquat pour leur intégration. Servir d’interface de facilitation entre les autorités dans les pays de la sous-région et les bailleurs de fonds établis en Europe, ainsi que tous ceux qui veulent aider à endiguer l’émigration clandestine. Un Réseau des organisations pour la lutte contre l’émigration (ROLE) a été créé.
Comment envisagez-vous la mobilisation des migrants pour les actions de développement ?
Par des plaidoyers au niveau des autorités locales, avec les mairies, en vue de mobiliser des financements. Avec l’aide des médias espagnol, nous montrons aussi aux immigrés le chemin à suivre pour investir au pays. Nous organisons des conférences sur ce sujet pour mieux les sensibiliser.
Propos recueillis par Dissirama Kaliwa
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